Les Français ne s’aimaient plus. La France n’était plus, en ces temps de construction européenne et de mondialisation, l’objet d’un « amour sacré ». Mais il y eut ce mois de juillet 1998 où tout fut oublié, sauf le football. Plus que la victoire en finale de la Coupe du Monde, l’événement imprévu, ce furent les Marseillaise improvisées sur les gradins et les milliers de drapeaux tricolores surgis d’on ne sait où. « On a gagné ! », ce cri traduisit le bonheur de reconstituer une communauté nationale. Le bonheur d’être Français. Cette résurgence est la preuve que les Français conservent dans leur inconscient le regret d’un grand projet commun et de grands accomplissements de la Nation. L’intention de cet essai est de retrouver les raisons et le sens de cette appartenance à une patrie, une histoire partagée, un patrimoine, une langue, un avenir ensemble. Une communauté de naissance et une communauté de citoyens qui demeure, dans un monde incertain et dangereux, la limite politique qui nous aide à nous identifier. L’enracinement historique qui ouvre à l’universel.