L'émigration algérienne vers la France se réduirait-elle, désormais, à un simple objet historique ? À ne considérer que les flux, on serait aisément enclin à le penser.Mais ce serait négliger le statut de plusieurs milliers de personnes à l'égard de leur nationalité, leur obligation de posséder une carte de résidence… Ce serait sous-estimer les multiples échanges concrets d'hommes, de femmes, de biens, et d'idées entre pays de départ et pays d'accueil.Si certains aspects de l'émigration sont moribonds, de ces points de vue en tout cas, l'espace migratoire existe bel et bien.Les études présentées ici obéissent à une double démarche.La première propose un "état des lieux", articulé autour de trois thèmes : le contexte politique dans lequel se trouvent posées les conséquences de l'économie mais surtout des relations inter-étatiques ; les composantes démographiques permettant de penser à long terme ; enfin, une certaine lecture économique, à partir du problème des transferts, insistant sur la recherche et l'ampleur d'un espace relationnel très "porteur".La deuxième démarche est celle d'une actualisation - d'autant plus opportune que la plupart des grandes études s'arrêtent au milieu des années 1980 - qui a conduit à réaliser deux enquêtes, une sur chaque rive de la Méditerranée :- Émigrés et enfants d'émigrés, insérés dans la structure sociale de la France actuelle, où les modifications de la composante démographique - mais aussi du "capital culturel" - ne sont pas sans effets plus ou moins directs sur le statut : modification des qualifications, autres types de parole, qui rompent très nettement avec les deux premiers âges ;- Réinsérés récents dans la société algérienne, peu importants d'un point de vue numérique, mais points d'appui d'un espace de circulation qu'il est indispensable de mieux cerner pour l'avenir.