En matière de psychologie féminine, je ne dois pas être loin de la niaiserie absolue. J’ai toujours vécu à la surface des êtres, et Lucie me faisait découvrir de telles profondeurs, que je mis un certain temps à admettre leur existence. Dans les premiers jours, je me félicitais de la virtuosité qu’elle avait acquise au cours de sa tumultueuse existence. J’y trouvais égoïstement mon compte. J’éprouvais même — à l’égard de mes innombrables prédécesseurs — un vague sentiment de reconnaissance et de complicité. Je cohabitais donc sans déplaisir avec cette armée de fantômes débonnaires. Ils ne me troublaient ni le sommeil ni l’humeur. Ce fut ma période joviale...