Dans un phalanstère de Constantinople, vivent — vers 1920 — des enfants russes réunis par les hasards de l’émigration. Parmi eux, se détachent deux figures : celles de Maya Sybers et d’Antoine Sobielski, autour de qui gravitent des adultes émouvants ou pittoresques. Les années passent. Nous retrouvons, en France, les principaux personnages. Maya épouse par pitié un compatriote, qui la brutalise. Antoine quitte sa famille, qui l’excède, et devient ouvrier, avant de se lancer dans la littérature. Mais il comprend que son seul amour véritable est Maya, qu’il ne voit plus que de loin en loin. Un hasard heureux les réunit. Antoine tentera de se tuer. Le mari de Maya, parti pour l’U.R.S.S. dans le naïf espoir d’y fomenter une nouvelle révolution, y disparaît. Antoine et Maya réussiront-ils enfin à trouver, ensemble, le bonheur qui leur a toujours été refusé ? L’intérêt de cette histoire bien contée, dont la trame est nourrie de sensibilité, d’intelligence, tient en grande partie à ce qu’elle fourmille de portraits curieux : ces Russes émigrés, qui livrent à Paris, avec une farouche candeur et une frémissante inconséquence, les combats de l’âme, sont d’une extraordinaire humanité. Jacques Croisé nous introduit avec Sortie de secours dans un milieu, dans un monde d’une assez étonnante originalité.