Et si nous étions fous sans le savoir ? Fous de sur-consommation, de surarmement, fous de décibels et de tranquillisants ? Et si l’exaltation laborieuse et commercialisée du sexe n’était que l’envers d’un cri de révolte contre une société castratrice ? Et si nous étions, depuis mai 68 et le quadruplement du prix du pétrole, tout simplement entrés dans l’avant-guerre ? Si Brejnev et Carter, au téléphone rouge, constataient avec des larmes rentrées, qu’ils sont impuissants et que le monde est prisonnier d’une force double et démoniaque : la technologie et sa sœur l’énergie ? Satire, fragments de nouvelles, dialogues imaginaires, le livre de Jean-Pierre Moulin, vibrant d’un humour lyrique et corrosif, échappe à tous les genres. Il dit combien les idéologies sont en miettes mais aussi que, par-delà le constat d’échec, demeure l’espérance d’une prise de conscience.... À moins que la folie ne gagne davantage encore, et que le nucléaire et le bactériologique, incarnations modernes du Mal, ne l’emportent sur la Terre et dans le ciel.