Elle aurait aujourd’hui 11 ans. Elle ne les aura jamais. Ni 15, ni 20. Elle n’aura jamais aucun âge. Éternellement, Céline aura 7 ans, l’âge de son calvaire et de sa mort. Christophe, son frère, en a 13, et il répète sans cesse à sa mère, Joëlle Maurel, que sa sœur lui manque. Mais que peut-elle lui répondre ? Depuis trois ans, elle ne peut plus entendre un gamin pleurer, ne peut plus voir une petite fille passer dans la rue, sans penser à l’enfant qu’on lui a volée. Quand elle a quitté, avec son fils, Saint-Zacharie, pour se réinstaller chez ses parents, à Aubagne, elle espérait, sinon oublier, du moins atténuer son chagrin. Mais elle s’est vite rendu compte que ce serait impossible. Parfois, certaines nuits, elle s’approche silencieusement du lit où dort Christophe. Elle s’accroupit. Elle regarde avidement les cheveux de son fils, qui ressemblent à ceux de Céline. Et elle pleure. Elle ne comprend pas. Elle ne comprendra jamais.