La censure, en Grèce et à Rome, fut une sorte de magistrature pieusement exercée, respectable et noble. Mais le mot, aujourd’hui, figure dans notre vocabulaire politique comme l’antithèse de la liberté. Figaro, le barbier journaliste, tenait déjà dans le même mépris « les censeurs et tout ce qui s’attache à la peau des malheureux gens de lettres ». Leurs tracasseries l’avaient fatigué d’écrire. Dégageant les grandes tendances des régimes et des gouvernements qui se sont succédé en France, émaillant l’histoire politique d’anecdotes savoureuses, L. Gabriel-Robinet s’attache surtout, dans cet ouvrage, à analyser et à juger les formes nouvelles de la censure, qu’elles touchent les journaux, la télévision, le cinéma, le théâtre, ou l’édition. La liberté absolue de la presse est, nous dit-il, une dangereuse vue de l’esprit. Mais le contrôle de l’information par le gouvernement est inacceptable et dangereux. Le directeur du Figaro, dont on a pu récemment juger l’attitude lorsque l’indépendance des journalistes était menacée, propose donc la création d’un Conseil de l’Ordre de la presse, et d’une déontologie de l’information. Car, à ses yeux, le vrai censeur du journaliste ne peut être que lui-même.