Des milliers d’anonymes se sont arrêtés, dans une rue de ville, de village, pour dire ce qu’ils pensaient, ce qu’ils voulaient. Ceux-là, on ne les écoute pas, sauf le temps d’un sondage, pour leur faire dire ce qu’il faut. Interdits de séjour dans la Cité des idées, ils sont les tiers exclus de la pensée. C’est qu’ils dérangent. Les circuits de la culture organisée leur sont interdits. Un théâtre militant, dehors, sur des scènes improvisées, leur donne la parole. Ce théâtre est celui du temps des révoltes, du temps d’un immigré en lutte, qui crie son identité et ses droits, du temps de ceux qui viennent l’entendre, du temps d’une histoire qui ne serait plus celle qu’on nous fait. De ce théâtre en marge, de son écho, et aussi de ses difficultés d’être, Geneviève Clancy et Philippe Tancelin, membres du groupe El Assifa, témoignent.