George Gershwin est sans doute le plus populaire des musiciens américains, mais on connaît bien peu la curieuse aventure artistique et humaine dans laquelle sa vocation l’a entraîné. « Tapeur professionnel » chez une maison d’édition, il est célèbre du jour au lendemain, après sa Rhapsody in blue, écrite alors qu’il ignorait encore les règles élémentaires de l’harmonie. Mais il en conçoit une telle confiance dans la voie où il s’est engagé que toutes ses œuvres porteront désormais la marque de ce brillant départ, dans une réalisation formelle de plus en plus riche. Le concerto pour piano Un Américain à Paris, et surtout Porgy and Bess, marqueront les étapes principales d’une carrière que la mort devait interrompre trop tôt. Car, dans la recherche d’une expression qui ne soit pas seulement l’écho des modèles européens et qui symbolise certains traits caractéristiques de l’Amérique des années 1920 à 1930, l’œuvre de Gerswhin se présente comme l’un des témoignages les plus attachants et les plus sympathiques. Il demeure, qu’on le veuille ou non, le seul compositeur qui ait défini son pays dans une syntaxe originale et qui soit parvenu à l’imposer.