L’oiseau dansait sur le rebord rocheux qui abritait son aire. Il semblait malaxer la proie qu’il venait de ramener, balancé d’une serre sur l’autre. On distinguait relativement bien ses larges pattes écartées, son dos gris, la pâleur de la gorge, et ses grosses moustaches de plumes noires. C’était Vieux Filou, comme l’avait baptisé Théo. - Il revient de chasse, dit Théo, sur le ton, presque, de quelqu’un qui regrette de n’avoir pas été invité. Il a quatre petits. C’est rare. - Le même couple que l’année dernière ? demanda Laurent. - Oui. Je te l’ai dit. Vieux Filou et Madame. Ils ne se laissent pas abattre, ils vont se bagarrer. - Qu’est-ce que tu en sais ? Tu n’es pas un faucon. - C’est vrai, je ne suis pas un faucon... Mais ces deux-là sont revenus et ils ne se laisseront pas faire, tu verras...