N’est-il pas significatif, que ce soit dans le romantique pays de Walter Scott, en Écosse, sur l’estuaire du Forth, que jaillisse soudain le premier et le plus grand viaduc métallique du monde, chef-d’œuvre de l’architecture ferroviaire ? Dans le Paris de la “Belle Époque”, Eiffel lance comme un défi sa tour qui, après avoir provoqué les railleries des sceptiques, fait triompher les techniques modernes. À toute vitesse, maintenant, l’univers se transforme. Mais, à l’origine de cette métamorphose, il y a toujours la lutte, le sacrifice et l’audace indomptable des hommes. Si le Canal de Suez ne fut qu’une entreprise, Panama fut, par contre, une périlleuse aventure, et ce sont des milliers de noirs mourant de fièvre dans la tranchée de la Culebra, qui ouvrirent à l’Amérique le chemin de l’Asie. Tandis que les terrassiers piémontais percent le tunnel du Simplon, les Hollandais repoussent la mer au delà du Zuyderzee, et se donnent une province nouvelle. La Russie matérialise son brusque passage du moyen-âge féodal au socialisme, par un gigantesque réseau hydraulique qui réunit bientôt l’Asie à l’Europe, pendant que les États-Unis domptent leurs grands fleuves, et restaurent leurs terres trop rapidement épuisées. Enfin, rejoignant le fantastique et la démesure des plus anciennes légendes, une ville dantesque et secrète abrite, à Oakridge, la plus formidable puissance que l’homme ait jamais tenue entre ses mains : l’atome. Ayant conquis jusqu’à l’énergie de la matière elle-même, l’humanité semble hésiter entre la destruction totale, et des lendemains qui verront de nouveaux “grands travaux” encore inimaginables. Anéantira-t-elle ses conquêtes ? Ce serait tenir pour rien l’immense peine des hommes, l’extraordinaire roman qui, de génération en génération, ajoute un chapitre à un autre chapitre, un chantier à un autre chantier, une merveille à une autre merveille.