Les « affaires » de santé publique (sang contaminé, amiante, « vache folle », etc.) ne posent pas seulement des problèmes de morale et d’efficacité sanitaire, elles affectent chacun d’entre nous dans ses rapports à la maladie et à la mort. Ces « affaires », et d’autres moins médiatiques, sont le résultat d’un mélange détonnant d’enjeux scientifiques, économiques, sociaux et politiques. D’où l’intérêt de ce livre qui s’attache à analyser la façon dont les décideurs politiques et les administrations, conseillés par des « experts » scientifiques et médicaux, élaborent des normes, décident d’interdire ou non l’utilisation de produits toxiques, lancent des campagnes de prévention dans le domaine de la santé publique. Qui sont ces experts ? Comment préparent-ils leurs avis ? Qu’en font les pouvoirs publics ? Comment se débarrasse-t-on des experts qui gênent ? Qui contrôle qui ? Qui décide vraiment de notre santé ? Les auteurs, eux-mêmes scientifiques, tentent de démêler les rôles et les responsabilités complexes des uns et des autres et s’interrogent sur la capacité des pouvoirs publics de résister aux pressions des lobbies industriels et des professionnels de la santé. Sont successivement analysés : l’affaire de l’amiante, la médecine du travail, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), l’Agence du médicament, les campagnes de vaccination de l’hépatite B, la recherche sur le cancer, la recherche génétique, la politique de la vieillesse, le statut des médecines douces et les classifications psychiatriques. En questionnant les rapports entre scientifiques et politiques dans le domaine de la santé, les auteurs souhaitent faire de la santé, des politiques de santé et de l’expertise un objet de débat public. Il y a urgence à introduire des contre-pouvoirs dans le champ de la santé en permettant, notamment, au citoyen de porter un regard critique et un contrôle sur l’expertise en matière de santé.