Dans les années 1930, la campagne de presse du journaliste Alexis Danan contre les bagnes d’enfants, a porté ses fruits parce qu’elle reposait sur des données concrètes, constantes, régissant les « maisons de correction » de l’époque. En 1974, si la fonction profonde de ces institutions est restée la même, l’ensemble du secteur, dit de l’enfance inadaptée, s’est libéralisé. Se démarquant des institutions-mères (prison, asile, etc.), il a su trouver une originalité propre. C’est cette démarcation qui en masque la fonction et, contradictoirement, si l’on ne peut plus, à propos de l’ensemble du réseau, parler d’institutions totalitaires, les jeunes « placés » en reconnaissent pourtant, parce qu’ils les vivent, les caractères : vie recluse de ses membres, au moins parce que les échanges sociaux avec l’extérieur sont contrôlés à l’extrême ; écrasement des frontières qui séparent les trois champs d’activités fondamentaux (travail, loisir, repos), tous les aspects de l’existence des “placés”, dépendent d’une même et seule autorité ; mise à l’écart du rapport travail-salaire, l’institution fonctionnant suivant la dialectique pénurie-pléthore. À travers la grève menée dans deux centres par des jeunes “placés”, à travers le récit des artisans de cette grève, Jacques Fresco montre la réalité de ce qu’on appelle « rééducation ».