Dès les premières pages, on comprendra que ce livre n’est pas un ouvrage de politique. D’une manière générale, le discours politique m’ennuie. Pourtant, ce livre peut avoir une signification politique, par les conclusions éventuelles que chaque lecteur en tirera. On est pour ou contre le capitalisme, mais on ne sait guère ce qu’est le capitalisme. Même le socialisme se définit en contradiction avec le capitalisme. Mais comme on ignore ce qu’est le capitalisme, on n’en sait pas davantage sur le socialisme. On parle, on parle beaucoup, mais une des plaies de notre époque, est qu’on ne sache pas le sens des mots qui reviennent constamment dans la discussion, pour lesquels on en viendrait parfois aux mains, que ce soit au Café du Commerce, au Parlement, ou même à l’université. Le Littré donne du mot « Capital » cette toute première définition : « Où il s’agit de la tête ou de la vie ». Immédiatement, et par rapport à nos médiocres querelles, on a pris du champ, on respire mieux. Ce livre est une redéfinition, une défense, une illustration du mot « Capitalisme ». J’aurai du moins rendu ce service à mes contemporains, d’avoir mis en pleine lumière la riche signification d’un mot, d’un seul mot, dont on s’acharne — depuis des siècles — à obscurcir le sens originel. Le capitalisme, c’est la générosité de la vie, et un capitaliste, c’est d’abord une tête chercheuse.