Si Napoléon adopta le fils de Joséphine, et lui confia des tâches essentielles, ce ne fut pas par complaisance, mais parce qu’il trouva chez lui des qualités exceptionnelles : dignité, loyauté, désintéressement, fidélité. Né en 1781, ce brillant Hussard, devenu colonel des Chasseurs à cheval de la Garde, puis archichancelier de l’Empire et vice-roi d’Italie à vingt-trois ans, connut — des champs de bataille de Lombardie et d’Égypte aux derniers soubresauts de la campagne de France — une existence particulièrement dense. En la retraçant, Jean Autin fait revivre les derniers temps de l’Ancien Régime, les tourmentes révolutionnaires, les fastes du Consulat et de l’Empire, les démêlés avec le Saint-Siège, la vie à Vienne après Wagram, et le terrible séjour dans Moscou en flammes, avant l’abominable retraite de Russie dans le froid glacial et sous le harcèlement des Cosaques. Marié, en 1806, à la splendide et ardente Auguste-Amélie de Wittelsbach, le prince Eugène se retira — après les adieux de Fontainebleau — à Munich, où se trouve son tombeau. Il semblerait que Napoléon considérait son fils adoptif, si Marie-Louise ne lui avait pas donné d’héritier, comme son possible successeur.