Dérapage à quarante démarre comme un roman d’aventures. L’histoire (celle d’un journaliste, chargé par un patron de presse peu scrupuleux, de retrouver le journal de guerre d’un ancien dignitaire nazi), rebondit à chaque chapitre sur un rythme haletant. Pourtant, en contrepoint de l’action, qui tient en haleine jusqu’au suspense final, c’est le personnage du journaliste qui s’impose peu à peu au lecteur, jusqu’à l’envoûter. Sa quête obstinée d’un document, que nul ne voudra en définitive publier, car trop compromettant pour des personnalités politiques aujourd’hui “aux affaires”, est l’instrument dont s’est servi l’auteur pour bâtir avec sensibilité, subtilité, et une rare profondeur psychologique, le caractère d’un homme dont la vie dérape à quarante ans. Ce roman captivant, mais sans complaisance, sans concession ni faiblesse, est de ceux dont on garde longtemps le “goût” dans la tête après l’avoir refermé.