De l’apparition des premiers Chrétiens en Gaule, dès la fin du Ier siècle, au baptême de Clovis et à ses suites, Renée Mussot-Goulard nous présente, d’une façon très nouvelle, loin des sentiers battus, les sources de l’identité chrétienne de la France. Elle analyse le développement, et les états successifs, de l’Église des Gaules qui, malgré les persécutions, était déjà établie quand, au IVe siècle, l’empereur Constantin lui donna une existence légale. Mais, au Ve siècle, l’éclatement de l’Empire romain, l’invasion de l’hérésie arienne à l’Est avec les Burgondes, au Sud avec les Goths, et celle des Francs, généralement païens, au Nord, bouleversèrent les données religieuses. La foi catholique, qui habitait la majeure partie des populations gauloises, était en péril. Dans la désorganisation générale, les évêques demeuraient les seuls recours. C’est alors que Clovis, devenu vers quinze ans, en 481, le chef des Francs de la région de Tournai, étendit son pouvoir sur tous les Francs. Élevé dans le respect des évêques et des églises, il se convertira non pas sous le coup d’une illumination, mais au terme d’une préparation dans laquelle, dès 486, Rémi, évêque de Reims, joua un rôle déterminant. Comme le souligne l’auteur, quand Clovis épousa, en 493, la catholique Clotilde, il était déjà Chrétien de cœur et de raison. Et il avait déjà l’appui des grands évêques (Reims, Tours, Vienne, Arles) lorsqu’il reçut le baptême à Reims, dans la nuit de Noël (entre 496 et 499). Ce baptême, qui faisait apparaître Clovis aux yeux des Catholiques gaulois comme le seul roi barbare légitime, allait lui permettre de réunir, sous son autorité, les populations du sud de la Loire et celles du Nord. C’était bien l’acte fondateur d’une royauté, dont la légitimité prenait désormais sa source dans l’union sacramentelle du roi et de son peuple avec Dieu, et dont les garants étaient les évêques. Il fallait encore que la catholicité du royaume chrétien fût admise urbi et orbi. Ainsi, Renée Mussot-Goulard nous conduit-elle jusqu’au premier sacre d’un roi catholique, celui de Pépin le Bref, par le pape Étienne II en 754. Il scelle l’acte d’union entre l’Église universelle et la royauté franque. Il est l’accomplissement du baptême de Reims.