Quand Philippe le Bel devient roi de France, en 1285, le royaume est à son apogée. La France est l’État le plus peuplé, le plus riche et le plus important d’Europe, depuis qu’en 1261, la papauté, contrainte, s’est installée en Avignon. Le 29 novembre 1314, à sa mort, le temps de Saint Louis est devenu une sorte de Belle Époque, parce qu’il y a eu l’attentat d’Anagni, le bûcher des Templiers, la manipulation des monnaies, le scandale de la Tour de Nesle. Le péché semble avoir souillé une dynastie, dont la sainteté avait fait la force. Entre ces visions contrastées, l’ouvrage, documenté et équilibré, de Dominique Poirel, puise aux meilleures sources de la littérature médiévale par ce chartiste, établit le portrait d’un homme scrupuleux, pieux, chevaleresque, intransigeant sur quelques principes, et influençable sur l’ordinaire, capable d’être aussi sanguinaire et conquérant que les meilleurs Condottiere de Venise, comme soucieux de la dignité de sa fonction. Philippe le Bel ne se contente pas de moderniser la France, il lui lègue un droit, des institutions, une monnaie, une image, qui l’installent au Panthéon national.