Si la recherche du bonheur est à la fois l’origine et la fin de toutes les valeurs et de tous les systèmes éthiques, la tâche de la philosophie consiste à établir la possibilité même de ces valeurs et de ces systèmes : c’est là le sens de la liberté. Elle est la condition de toute action et de toute signification. On reliera ici une mise en perspective historique, qui ordonnera les connaissances indispensables à la compréhension, et une description existentielle et phénoménologique qui saisira la liberté de l’intérieur comme acte de la conscience. Chemin faisant, on éclairera un paradoxe qui travaille sans cesse la question de la liberté, et la laisse en suspens tant qu’il n’est pas résolu : comment une conscience opprimée peut-elle rechercher et revendiquer la liberté, alors qu’elle en est privée et ne peut donc agir ; mais comment et pourquoi une conscience libre rechercherait-elle la liberté, alors qu’elle en jouit déjà ? La recherche d’une réponse constituera le fil conducteur dans l’élaboration d’une connaissance de la liberté dans sa vie concrète, qu’elle soit spontanée ou bien réflexive. Après avoir examiné l’aspect de la liberté, où elle se veut maîtrise de l’existence, on élucidera la place et la signification de l’acte de choisir. Mais l’individu, comme simple existence, ne parviendrait ni à se libérer de l’aporie paradoxale, ni à construire une liberté qui soit à la fois une indépendance et une joie. Seule l’intervention d’un sujet réflexif, redoublant le sujet concret, permettra une telle construction libératrice de la liberté. Enfin, cette liberté individuelle, réellement indépendante, sera fondatrice d’une philosophie politique. Seule la démocratie a pour fin cela même qui la fonde : l’épanouissement des libertés est, précisément, le but de la libre souveraineté du corps social. Cet ouvrage s’adresse, plus particulièrement, aux étudiants des 2e et 3e cycles en philosophie et, plus largement, à tous les intellectuels qui se soucient du sens de l’action et du sort de la démocratie.