Le Comité international de la Croix-Rouge ne ressemble à aucune autre institution. Partout où des hommes se battent, il est là. Forçant les blocus, passant les lignes et les fronts, il apporte des secours aux victimes des conflits. Ses délégués pénètrent dans les camps et dans les prisons. Jamais la Croix-Rouge ne s’était penchée sur son passé. C’est aux approches de son Centenaire, que l’on s’est aperçu que son histoire restait à écrire. Elle méritait de l’être, car elle projette sur l’Histoire tout court un éclairage nouveau. Depuis Solférino et la guerre d’Italie de 1859, des conflits sans nombre se sont succédé. Presque sans interruption, le Comité international a déployé une activité à laquelle des millions d’hommes, de toutes races et de toutes couleurs, doivent la vie sans toujours le savoir. Il est en effet un témoin silencieux et un acteur discret. En ouvrant aujourd’hui ses archives, il n’est pas sans déroger quelque peu à une maxime de conduite dont il s’est bien rarement écarté. Mais l’intérêt même des victimes de la guerre lui commande de se faire mieux connaître. Dans le domaine du droit de la guerre, le rôle du Comité international a été immense. Il en est la source la plus féconde. Au travers des Conventions de Genève, c’est encore son influence qui se fait sentir, un peu de son esprit qui pénètre dans l’univers clos des barbelés et des miradors. Pierre Boissier, auteur déjà de plusieurs publications de droit international, a lui-même visité de nombreux lieux de détention. C’est peut-être pourquoi il est toujours demeuré près du réel, de l’humain, et a fait passer dans ses pages toute la foi qui anime la grande institution fondée par Jean-Henry Dunant.