Pour la première fois, Alain Poher parle. Quel destin ! Étudiant démocrate-chrétien, résistant au nazisme – et échappant de peu au poteau d’exécution –, il se retrouve bientôt aux côtés de Robert Schuman. Avec son “patron”, il participe à la prodigieuse aventure de la création de l’Europe. “Parachuté” en zone d’occupation française en Allemagne, il est de ceux qui mettent en échec le blocus de Berlin. Ministre de la Marine pendant le 13 mai 1958, président du Sénat en 1967, il s’engage à fond dans la bataille du référendum de 1969, pour faire échouer le projet gaullien. La chute du général entraîne sa propre accession à la magistrature suprême. Candidat battu au second tour, il regagne l’Élysée en 1974, à la mort de Pompidou. Enfin, à partir de 1981, c’est la cohabitation entre la gauche et le Sénat. Avec François Mitterrand, Alain Poher est sans doute la plus extraordinaire mémoire de notre temps. Ce centriste, expert dans l’art de concilier les inconciliables, sait s’opposer et profiter des rapports de force. Nous pénétrons avec lui au cœur même de la politique. Adenauer, Monnet, de Gaulle, Bidault, Mendès France, Kohl, Mitterrand, Chirac, Giscard, Balladur, autant de personnages qui traversent le destin de cet homme tranquille. Ces pages, souvent malicieuses, nourries d’anecdotes inédites et de portraits hauts en couleur, nous font suivre l’itinéraire d’un homme engagé, un homme comme on n’en fait peut-être plus.