La France de la Restauration et de la Monarchie de Juillet semble obsédée par la crainte de la Compagnie de Jésus, rétablie en 1814. Des centaines de libelles, épîtres, chansons, romans dénoncent les Jésuites, et le pouvoir occulte qu’ils exerceraient ; Béranger les chansonne ; Stendhal en est hanté, et Balzac fasciné ; Michelet et Quinet les stigmatisent ; le mélodrame et le vaudeville s’en emparent ; avec Eugène Sue et A. Dumas, le roman-feuilleton les peint sous le jour le plus noir. Pourquoi cette haine ? Pourquoi cette peur ? Le mythe jésuite en décrit les expressions littéraires, et en livre les significations par une étude précise des textes et du contexte politique où ils s’inscrivent. Cette rhétorique de l’exécration dessine la figure de l’ennemi et forge l’image, redoutable et fascinante, du pouvoir moderne. Le mythe jésuite jette ainsi une lumière saisissante sur les sources de notre imaginaire politique.