Pont entre l’Orient et l’Occident, terre de rencontres entre l’Islam et le christianisme, le Liban était il y a peu symbole de prospérité et de coexistence entre communautés différentes. C’est aujourd’hui un pays déchiré, en proie à la violence, et le champ des rivalités du Proche-Orient. Riche d’histoire, le Liban est une terre de contrastes. Musulmans (sunnites, chiites...) et Druzes y coexistent avec des Chrétiens (maronites, orthodoxes, grecs-catholiques...) dans un paysage lui-même varié, alliant plaines fertiles et montagnes austères. C’est le creuset d’une civilisation méditerranéenne marquée par la culture arabe et musulmane, fondée sur les liens familiaux et communautaires, où la violence est un recours permanent et le clientélisme la forme de la politique. Élizabeth Picard en retrace l’histoire, depuis les étapes de sa fondation jusqu’à la guerre actuelle. À la fin de l’Empire ottoman, la France y établit un mandat, longue colonisation déguisée, jusqu’en 1943 où l’indépendance confirme, avec le Pacte national, l’existence d’une démocratie fragile, davantage consensus entre élites que véritable unité nationale. Très vite, le pays va se trouver confronté à des problèmes immenses : doit-il se fondre dans l’identité arabe, en dépit de sa composante occidentalisée ? Peut-il lier son destin à celui des États-Unis et de l’Europe et ignorer son environnement régional ? La question d’Israël est déterminante, surtout après la guerre de 1967, qui déverse sur son territoire de nouvelles vagues de réfugiés palestiniens ; question lancinante, car l’enjeu palestinien interfère avec les rivalités politiques internes. Ces dix dernières années ne sont plus qu’un cycle infernal de guerres, où les miliciens font la loi. Le Liban a-t-il encore un avenir ?