Le mouvement ouvrier, qui a joué au XIXe siècle un rôle central de contrepoids au sein du capitalisme, se trouve confronté à l’émergence de nouveaux fronts, jugés par lui longtemps secondaires. Il est vigoureusement interpellé dans ses vieux réflexes jacobins, sexistes et productivistes. Or, l’avenir de la France, dans un contexte de gauche au pouvoir, va se jouer sur la capacité des mouvements sociaux à impulser et accompagner des réformas politiques de structure, à promouvoir par ailleurs un changement des mentalités, à irriguer enfin de leurs initiatives le tissu associatif. L’enjeu du socialisme autogestionnaire aujourd’hui, c’est celui de la mobilisation populaire. Et l’enjeu de la mobilisation populaire, c’est celui de l’articulation entre le mouvement syndical et les nouveaux mouvements sociaux (régionalisme, écologie, féminisme). Ce livre est écrit par un syndicaliste, qui vit, analyse et prospecte cette mutation de l’intérieur du mouvement syndical. Son objectif militant, devant l’urgence d’une pression soutenue des acteurs sociaux, est de contribuer à nouer entre elles les différentes pratiques sociales : en enrichissant d’une part le syndicalisme des nouveaux mouvements sociaux et d’autre part en ancrant durablement ceux-ci dans une perspective de classe. De cette greffe réussie dépend en grande partie dans cette période, le style et le rythme de toute avancée vers le socialisme et l’autogestion.