Le colonel craignait un attentat. Il secoua la tête et reprit très vite sa marche fébrile. Il pouvait se laisser fouiller, si cela était de rigueur, à l’entrée de la passerelle. Son pistolet se trouvait caché au fond des bagages déjà embarqués. Le pistolet était réparti dans plusieurs mallettes, en pièces détachées, avec les armes des autres. Sept mitraillettes, douze pistolets, dix colts, quatre fusils et trente grenades. Tout cela installé depuis La Guaira dans un coin de la cabine 358. — Venez, dit Garcia. Le colonel leva la tête. Il sentit brusquement toutes ses appréhensions disparaître, son courage revenir. Le Santa, majestueux, immense, sa future proie, ce qu’il considérait comme le premier territoire portugais à conquérir, se balançait mollement devant lui... Là-haut, sur le pont B, nonchalamment accoudés, Mendoza, Carmicio et trois autres révolutionnaires regardaient venir le colonel...