Parce que le Japon et l’Europe commençaient à menacer la suprématie des Américains, ceux-ci ont décidé de déclencher une troisième guerre mondiale. Une guerre économique en riposte à une menace économique. Toute la prospérité de nos sociétés de consommation repose sur l’existence de sources d’énergies et de matières premières à bon marché. Pour mettre les Européens et les Japonais à genoux, Washington a donc décidé d’obliger ses concurrents à payer plus cher les fournitures qu’ils ne produisent pas sur leurs propres territoires mais dont, pourtant, ils ne peuvent plus se passer. Grand reporter à L’Express puis à Europe N° 1 et à l’hebdomadaire économique Les Informations, Pierre Péan a parcouru les pays du Golfe persique. Il a recueilli les confidences des ministres arabes et des agents des compagnies américaines. Et, aujourd’hui, il est formel : ce qui se passe depuis six mois au Proche-Orient a été voulu par les États-Unis et dirigé de Washington. Il s’agit, par la hausse massive des prix du pétrole, de rendre les économies européennes et japonaises moins compétitives. Tout le monde trouvera son compte à cette hausse du pétrole. Les pays producteurs, bien sûr, qui vont obtenir trois fois plus de recettes sans avoir à dilapider plus de richesses. Les Russes, qui voient leurs fantastiques mais lointains gisements sibériens devenir rentables et peuvent caresser l’espoir que les Japonais seront suffisamment affolés pour venir leur proposer de les aider à exploiter cet océan souterrain. Et, enfin et surtout, les États-Unis qui restent, on l’oublie trop souvent, les premiers producteurs mondiaux de pétrole. Les États-Unis qui ont déjà préparé la relève nucléaire et savent qu’en 1980 ils auront retrouvé leur totale indépendance énergétique. Un complot génial. Et jusqu’à présent réussi.