L’armée du Viêt-Minh approche... Dans la ville, bouleversée par le reflux des populations indigènes, la panique s’empare des Européens qui fuient vers les ports et les aérodromes. Un journaliste français, André Beauchamp, qui est sur le point de se séparer de sa femme, est la proie d’un autre conflit : Fuira-t-il ? Restera-t-il ?... Dans la jungle, le lieutenant Hautecœur, dont le capitaine vient d’être tué, a le devoir écrasant de sauver sa compagnie, coupée du reste de l’armée et investie par un adversaire implacable dont se laisse deviner partout la menace invisible. Au bout d’une marche haletante, parvenu en terrain découvert, il espère son salut de l’aviation : mais il rencontre l’ennemi, qui l’attendait là. Raymond Barkan nous fait alors assister à la bataille, bientôt sans espoir, qu’il livre aux Viêts : cinquante pages d’une vérité et d’une puissance qui touchent au chef-d’œuvre. Ces deux actions, qui se développent parallèlement, s’interpénètrent aussi en vertu d’un habile jeu de contrepoint qui est l’une des originalités de ce roman, où d’autres personnages significatifs foisonnent autour des deux héros — le civil et le soldat — que l’auteur a voulu exemplaires. Ainsi l’affrontement des hommes avec leur conscience, pendant que se joue le sort de l’Occident face au communisme, donne-t-il ici sa véritable dimension à une aventure pathétique, dont la violence nous plonge avec une force impitoyable au cœur de la tragédie indochinoise.