Il était une fois un gendarme nommé Carassou ; très bien sous tous les rapports, sauf un seul : il avait le travail en horreur ! Au lieu de corriger ce défaut — grave dans un monde civilisé où l’amour du travail est la première des vertus — il résolut de vivre là où il pourrait ne rien faire. Il trouva un poste de gendarme-gouverneur à Hiva-Hopa, minuscule île française au fond du Pacifique, où il devrait monter la garde pendant trois ans. Seul, absolument seul de son espèce, en tête à tête avec quelques centaines de « vahinés » fort jolies et extrêmement... entreprenantes. Mais la guerre de 1939 éclate. Secoué d’effroyables convulsions, le monde civilisé que Carassou a voulu fuir retrouve son équilibre en 1945. Si bien qu’arrive enfin de Londres, au ministère de la Marine à Paris, une plainte datant d’avant-guerre et qu’il faut éclaircir de toute urgence ! Une plainte pour actes de piraterie portée contre un certain Carassou, gouverneur de Hiva-Hopa. Carassou ? Hiva-Hopa ? Les bureaux sont affolés... Sapristi, c’est vrai : on a dû mettre là-bas un gendarme il y a huit ans ! On l’avait complètement oublié... Y est-il encore ? Il y est encore. Quant à ce qu’il a réussi à faire de son île, ce fainéant de génie, c’est à la fois inimaginable, grandiose et d’un comique irrésistible. Les jolies vahinés ont aidé de tout cœur le gendarme à réaliser son rêve. Et d’une façon fort aimable qui, elle, ne dépasse pas l’imagination...