Par le biais de l’aventure d’un soldat français, le sergent Seilhac, Erwan Bergot raconte ici le désespérant déclin d’une des ethnies minoritaires du Viêt-nam, celle des montagnards installés depuis des générations dans les reliefs peu accessibles de la région des Trois Frontières, Cambodge, Laos, Viêt-nam. Lorsque, en 1954, rescapé miraculeux d’une embuscade meurtrière près d’An Khé, le sergent Seilhac réussit à rejoindre la tribu Sedang qui l’accueille en ami, c’est pour y mener la vie dangereuse d’un maquis d’autochtones, dirigé par deux gradés français. Leur simplicité de vie et leur passion pour la liberté vont leur attacher Seilhac. La fin de la « guerre d’Indochine » aura pour conséquence l’abandon de ses alliés Moïs par l’armée française. Mais Seilhac, refusant d’être rapatrié, restera illégalement auprès d’eux, à la fois ami et conseiller dans leurs tentatives de résistance, jusqu’à l’anéantissement de leur identité raciale par le Viêt-nam. Huit ans plus tard, pendant quelques mois, il croira réussir à gagner pour ses amis la protection des Bérets verts américains. Hélas, la politique des USA entraînera vite le lâchage par leurs nouveaux protecteurs de ce peuple fier mais pauvre au profit des Sud-Vietnamiens. Dans une dernière rébellion, à laquelle Seilhac a tenu à participer, la tribu Sedang sera décimée. Magnificence des paysages, tendresse pour les hommes, Mourir au Laos, premier grand roman d’Erwan Bergot, enfin réédité, prend le lecteur au cœur et à la gorge, en faisant vivre et mourir pour lui d’inoubliables personnages – comme le caporal Torrès, le chef Lao ou Khone le Sedang –, tous prêts à donner leur vie pour la liberté. L’œuvre d’Erwan Bergot occupe une place particulière dans la littérature, mais aussi et surtout dans le cœur de ses lecteurs. Historien rigoureux, écrivain incontournable de l’Indochine, son sens épique, allié à une extrême sensibilité de l’esprit, a fait d’Erwan Bergot un de nos plus merveilleux romanciers.