Le mouvement de la négritude été l’expression littéraire de l’élan qui a porté, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les peuples noirs à s’affranchir de la tutelle européenne. Entreprise de réhabilitation des valeurs africaines niées par le colonisateur, la négritude a cependant débordé largement le cadre de la seule littérature pour embrasser l’histoire, l’ethnologie, la religion, l’économie et la politique. C’est l’inventaire des écrits de l’intelligentsia noire avant l’indépendance qu’avait dressé la première édition de cet ouvrage : de la poésie de Senghor, avocat du métissage des cultures, aux romans dénonciateurs de l’apartheid de Peter Abrahams, de l’analyse exaltée des coutumes tribales par Jomo Kenyatta aux thèses de Cheikh Anta Diop sur l’Égypte nègre, des essais marxistes de Sékou Touré aux « pierres d’attente » du christianisme découvertes dans l’ontologie bantoue par l’abbé Vincent Mulago. La seconde édition de ce livre y ajoutait l’étude des œuvres de la génération d’après l’indépendance, qui traduisent l’exaspération ou le désenchantement devant les espérances trahies par le nouveau pouvoir africain et la récurrence des néo-colonialismes. Car les écrivains noirs de cette nouvelle vague, illustrée entre autres par Wole Soyinka, ont à leur tour choisi les risques d’un engagement qu’ils ont souvent payé de l’exil ou de la prison. Pour cette troisième édition,. la partie de l’ouvrage consacrée à la littérature africaine d’avant l’indépendance a été réduite par un allègement des citations. En revanche, une place plus importante a été faite aux auteurs africains d’expression portugaise, ainsi qu’aux romanciers et poètes d’Afrique du Sud.