Isolés entre deux déserts, le Sahara et l’Océan, les Imragen se partagent quatre cents kilomètres de côte mauritanienne. Cette population ne survit que grâce à une pêche saisonnière au mulet jaune, de tradition ancestrale, et que certains ont voulu moderniser. A tort Leur méthode reste encore de nos jours la mieux adaptée à leur environnement. Elle doit son importance à la présence de dauphins empêchant les poissons de prendre le large. Etrange symbiose entre l’homme et l’animal : le pêcheur utilise le cétacé comme rabatteur, le dauphin se sert de l’homme comme désagrégateur du banc. Mais cette pêche, parfois miraculeuse, est aussi la raison de leur perte. Des familles maraboutiques viennent du désert récolter le produit de leurs esclaves en échange d’éventuels gris-gris. Le pouvoir de la religion... La fameuse poutargue, extraite des rogues de mulet, se vend à prix d’or dans certaines boutiques parisiennes et attire les convoitises des lettrés car le mal dont souffrent les Imragen, c’est de ne savoir ni lire ni écrire, et a fortiori de ne pouvoir monter une société. Le pouvoir de la connaissance... Mieux que le savoir, les Imragen ont acquis l’art de vivre simplement en harmonie avec la nature. La pauvreté matérielle ne doit pas nous faire oublier cette richesse dont nous sommes cruellement amputés.