Trois travailleurs américains sur quatre ne sont pas syndiqués ; mais, de 1955 à 1964, les États-Unis ont connu trois fois plus de journées de grève que la France. Dans un pays où les partis ne sont que des machines électorales, les syndicats, riches et solidement organisés, constituent, face au pouvoir, les seules forces politiques réelles ; mais leur énorme puissance est émiettée entre d’innombrables unions locales. Quel rôle jouent-ils donc dans l’évolution de la société américaine ? Sont-ils, comme nous avons souvent tendance à le croire, des complices du patronat, parfaitement intégrés au système ? Ou, comme ils l’affirment eux-mêmes, les représentants efficaces d’une classe ouvrière décidée à faire valoir durement ses droits ? Telle est la question que pose ce livre. Pour y répondre, Jean-Pierre Cot et Jean-Pierre Mounier ont choisi d’aller voir. Ils ont rencontré, au cours de l’été 1975, une cinquantaine de dirigeants syndicalistes, des fonctionnaires, des hommes politiques, et débroussaillé peu à peu le maquis des organisations et des procédures. Au fil des entretiens qui jalonnent cette enquête, le passé et le présent du syndicalisme américain se découvrent, un monde se révèle, que nous connaissons très mal et qu’il est impossible de juger en fonction de notre expérience européenne. Témoins fidèles, les auteurs ne cachent ni ce qui les a choqués ni ce qui les a séduits, et se gardent d’affirmer trop haut leur espérance. Bien que certains parlent de socialisme en Amérique, il n’est pas encore à l’ordre du jour.