Jean-Claude Gayssot, ministre de l’Équipement, des Transports et du Logement, et Louis Besson, secrétaire d’État au Logement, sont à l’origine d’un débat lancé dans six villes de France. L’enjeu : la redéfinition du cadre de vie urbain à l’approche du nouveau millénaire. Un an durant, le dialogue s’est s’instauré entre élus et habitants. Denis Fernàndez-Recatalà a accepté d’en être le témoin. Il porte sur ces échanges un regard personnel, indépendant, parfois critique – en un mot littéraire. Regard périphérique, il déplace le sujet annoncé, observe les relations, perçoit les solitudes, fait jouer les contradictions et décline les désirs. Dans un apparent paradoxe, fait de détours et de dérives, il parle de l’essentiel : la quête d’une communauté perdue. Car si la ville procure une liberté par l’anonymat, il n’oublie pas qu’on cherche à y renouer des liens que les violences sociales, inscrites dans le territoire, ont rompus. Composé sur le mode de la correspondance, cet essai, qui donne à entendre la parole des habitants, constitue un exercice de lucidité décapant sur les pouvoirs et les savoirs pesant sur la ville. Il nous rappelle, aussi, que les enjeux urbains sont des enjeux de culture.