Lorsque Cléa Resslingen boit sa première gorgée de cognac, elle a six ans : elle en ressent un bien-être immédiat, une sorte de réconfort. Très vite, l’alcool va devenir pour elle une habitude, une servitude. A douze ans, elle vide les fonds de verre, à seize, elle vole pour se procurer cette « médecine » qui seule la soulage et apaise en elle les vieux démons. C’est que, chez les Resslingen, chacun souffre d’une peine ancienne, inoubliable. Que s’est-il passé il y a plus de vingt ans, par un beau jour d’été, au bord de la rivière ? L’un d’entre eux s’est-il fait l’instrument du destin ? Le malheur a-t-il besoin de prendre appui sur un geste, une parole, pour s’abattre sur nous ? Ou frappe-t-il au hasard, sans préméditation, en aveugle ? Tout le drame des Resslingen tient dans ce questionnement douloureux, obsédant. Inconsolables, prisonniers du souvenir de cette funeste journée qui les a brisés, ils interrogent encore et encore leur mémoire meurtrie...