Le terme « Nomenklatura » est célèbre depuis que Michael Voslensky l’a utilisé, en 1980, pour décrire la caste dirigeante soviétique. Mais il existe, tout aussi bien, une Nomenklatura française. Formée de plusieurs cercles qui se recoupent parfois et où évoluent des hauts fonctionnaires, des dirigeants de grandes entreprises, des héritiers (d’un nom, d’une fortune), certaines professions protégées et le cortège des favoris du Président ou de ses ministres, la Nomenklatura tient les rênes du pouvoir, quelle que soit la couleur politique du Parlement. Les Nomenklaturistes se retrouvent aux mêmes dîners en ville, dans les mêmes clubs, dans les mêmes lieux de villégiature. Du lycée aux grandes écoles, ils se sont côtoyés ; leurs familles, souvent, se connaissent. Ce sont les princes de la République. Comment vivent-ils ? Combien gagnent-ils ? Dans quelles conditions les décisions déterminantes sont-elles prises ? Quels sont les réseaux influents et les itinéraires qui conduisent aux postes clefs ou aux « fromages » (les « tours extérieurs » des grands corps, par exemple) que le régime attribue à ceux qui l’ont bien servi ? Comment les dignitaires de la Nomenklatura française ont-ils réagi aux alternances successives, mai 1981, mars 1986 et, enfin, mai 1988 ? Vous le saurez en lisant la première enquête jamais réalisée sur les zones d’influence, les privilèges et la vie quotidienne — des appartements de fonction aux mystérieuses « primes » — d’une classe qui, à beaucoup d’égards, nous ramène au temps de la monarchie de droit divin et de la Cour du Roi Soleil.