La médecine, l’hôpital donnent parfois aujourd’hui l’impression d’être devenus de grandes machines de plus en plus « efficaces », lancées dans une course folle au progrès scientifique, mais où l’on a perdu de vue la dimension du soin, du souci de l’autre. Face à l’immense fragilisation que provoquent les maladies chroniques ou invalidantes, ou encore la grande vieillesse, le monde médical semble souvent se consacrer à la recherche de pointe plutôt que d’assurer une présence, de s’inquiéter avant tout de la personne, ce dont bien des soignants ont conscience. Comment remettre l’humain au centre des préoccupations de la médecine et du soin, alors que l’on est écartelé entre des contraintes budgétaires toujours plus fortes et l’explosion des technologies révolutionnaires ? Comment les concilier avec la présence massive de vieillards isolés, ou d’exclus de notre société ? Emmanuel Hirsch pose lucidement ces questions, et propose des éléments pour y répondre. Mais il le fait à sa manière, pragmatique, en partant de son expérience de terrain au sein des hôpitaux. Il fonde sa réflexion sur le concret, sur ce qu’il a vu et entendu ; il s’inspire de nombreux témoignages qui font de ce livre, plus qu’un essai, un formidable document sur l’hôpital, la recherche, mais aussi sur la maladie, la vieillesse, la mort, et la manière dont elles sont prises en charge par notre société.