Par le fait même des circonstances qui ont accompagné la naissance de l’État il y a à peine plus de cent ans, le système politique italien présente certaines caractéristiques qui n’en facilitent guère le fonctionnement. Un pluralisme exaspéré (neuf formations nationales, la plupart divisées en multiples courants), la présence aux deux extrémités de l’éventail politique de deux partis, le Mouvement social à droite (8 % des votes en 1972), le Parti communiste à gauche (27 % d’électeurs), considérés au moins au niveau des valeurs comme des partis antisystème, un parti du centre, la Démocratie chrétienne, axe porteur de l’ensemble soumis aux ambiguïtés et aux contradictions du monde catholique : autant de facteurs qui pèsent depuis 1948 sur la vie politique italienne. Ils rendent plus difficile en Italie la résolution des trois grands problèmes auxquels toutes les démocraties sont affrontées : le problème de la sécularisation, celui de la légitimation et celui de la distribution. Il en résulte un système à la fois immobile et instable, peu apte à répondre aux exigences nouvelles et toujours plus nombreuses d’une société qui a connu un exceptionnel développement économique au cours des vingt dernières années.