À la fin du XVIe siècle, le Royaume de Naples adhère massivement au catholicisme de la Contre-Réforme, qui modèle profondément sa vie culturelle pendant près de quatre siècles. Le culte des Saints constitue l'une des manifestations les plus spectaculaires - et les plus originales - de cette religion "baroque". Plusieurs indicateurs permettent de définir les cadres de la croyance, et de suivre l'évolution de la vie religieuse du royaume, de la fin du Concile de Trente au Siècle des Lumières. Mais le noyau central de cette recherche est organisé autour d'une bonne centaine d'individus, hommes et femmes, qui ont vécu et qui sont morts avec une réputation de sainteté. Tous n'ont pas été béatifiés, ni canonisés par l'Église ; la plupart ont connu un destin plus obscur. Pour comprendre la manière dont les Saints ont conçu leur rôle d'intercesseurs entre les hommes et la divinité, et ce que les fidèles exigeaient d'eux en retour, des miracles essentiellement, l'histoire doit recourir à l'approche anthropologique. La comparaison avec les formes connues de chamanisme s'impose ; elle autorise à considérer les Saints comme des chamanes chrétiens.