Un homme s’interroge douloureusement sur le crime commis sous son toit. Quelle est sa part de responsabilité immédiate ou lointaine dans le drame qui a bouleversé sa vie et celle des êtres qui lui étaient chers ? Comment n’a-t-il rien prévu, rien pressenti ? C’est au cours d’un récit qui suit le rythme méditatif d’une confession que le passé sera examiné d’un œil attentif et critique tandis que le présent surgit en touches rapides, révélant les conséquences d’événements que le lecteur connaît mal mais que, dès l’abord, il sait funestes. Cette lente remontée dans le temps permettra de découvrir, peu à peu, les raisons profondes d’un geste à la fois monstrueux et désespéré. Le narrateur, jeune médecin entouré de l’hostilité d’un bourg breton où suicides et crimes apparaissent comme autant de malédictions, évoque dans sa solitude l’enfant précocement meurtri qu’il fut. Aux yeux d’une mère maladroite, incapable de panser sa peine après la mort d’un père admiré et chéri, il fait très vite figure d’ingrat, et souffre, malgré son indiscipline et ses révoltes, de ne savoir mieux aimer. De cette impuissance, ni l’adolescent, ni l’adulte ne parviendront à se guérir tout à fait. Forte inconsciemment de l’emprise fondée sur un sentiment de culpabilité qu’elle ne cesse d’aviver par ses plaintes, la mère ne supportera pas de voir dénouer cet unique lien entre elle et son fils, le jour où elle pressentira le jaillissement d’une tendresse destinée à une autre. Toutes les raisons sont bonnes pour écarter Florence, l’institutrice du bourg, devenue la maîtresse du médecin. La jeune femme se heurtera à d’autant plus de rigueur que sa rayonnante féminité offensera une vertu trop étroite. Jusqu’au crime, la jalousie et la haine creuseront leur chemin.