La crise économique se fait sentir en France, la situation de l'emploi se dégrade. Mais quelles sont les vraies raisons du chômage ? Quelle est son ampleur ? Qui en est victime, et pourquoi ceux-là plutôt que d'autres ? Ces questions sont l'enjeu de débats de plus en plus acharnés : vrais ou faux chômeurs ; excès de main-d'œuvre, insuffisances d'emploi ou inadaptations des travailleurs ?Économistes, statisticiens et sociologues sont concernés. Chacun s'est efforcé de résoudre ce qui paraît être de sa compétence exclusive. Et pourtant, aucune de ces questions n'a de solution indépendante. Comment interpréter le chômage dans l'ignorance de ses modalités concrètes ? Mais comment observer une population de chômeurs, sans décider qui est chômeur et donc ce qu'est le phénomène de chômage ?Les victimes du chômage — hommes ou femmes, jeunes, adultes ou personnes âgées par exemple — constituent un élément d'analyse essentiel, trop longtemps négligé par la science économique. Leur prise en compte fait surgir toutes les limites du débat ancien sur les types et les causes du chômage. Leur diversité révèle, en effet, l'unité fondamentale du phénomène, sa fonction : le chômage « de prospérité », que connaissait la France dans les années soixante, favorisait l'expansion, comme le chômage « de crise » - qui se développe actuellement - peut préparer les conditions d'une éventuelle reprise. Elle montre également toutes les implications du chômage français « de prospérité », témoignage d'une « organisation » de marchés de l'emploi, où dominent les phénomènes d'offre, c'est-à-dire les exigences et les stratégies des employeurs.