Proust, Apollinaire, Maeterlinck, Francis Carco, Sarah Bernhardt, Lénine, Modigliani, Henri Rochefort, Willy, Madame de Caillavet, Debussy, Jules Lemaitre, tous ces profils perdus sur fond d’histoire, l’auteur les a connus personnellement et les innombrables souvenirs qu’il en a conservés donnent à son œuvre une incomparable richesse. En les racontant, c’est toute une époque qu’il fait revivre, cette Belle Époque éblouissante qui s’épanouissait en apothéose dans les Grands Soirs de l’Opéra. Mais Sylvain Bonmariage n’est pas seulement un mémorialiste de talent. Son œuvre d’historien est bien connue et la partie historique de cet ouvrage est digne de cette renommée. Qu’il évoque, en effet, le mystère des diamants de Murat ou la légende de l’anneau de Naundorff ; le tendre attachement d’Alexandre II pour Catherine Dolgorouky ou l’amour que Christine de Pisan portait en secret au beau Casteldon ; la folie de Marie-Anne de Neubourg ou l’ambition du ménage Roland ; son récit regorge toujours d’anecdotes passionnantes dont certaines sont inédites. Sous sa plume élégante et spirituelle, l’érudition perd de son austérité, les profils du Passé deviennent des visages humains, familiers, attachants, sans que jamais le conteur aimable qui nous enchante ne se départisse du don de clairvoyance et du pouvoir de résurrection qui sont les privilèges des grands historiens.
