Claire Sainte-Soline nous donne aujourd’hui son troisième recueil de nouvelles. On se souvient que le premier, Mademoiselle Olga, paru en 1954, avait montré de façon éclatante que la grande romancière du Dimanche des Rameaux et de La mort de Benjamin excelle aussi dans ce genre difficile. Sans doute est-ce François Nourissier qui a défini le plus justement, à propos de Si j’étais hirondelle, la démarche très particulière de Claire Sainte-Soline dans tous ses ouvrages : « ... découvrir quelles passions sommeillent sous l’apparente banalité des lieux, des visages ; jeter vers les fonds ombreux de brusques coups de projecteurs et nous offrir soudain, d’une honte, d’un secret, d’un désir informulé, des images cruelles et nues que nous n’oublierons plus. » Cela s’applique particulièrement bien à Noémie Strauss, femme perverse qui essaie de conduire ses amies au suicide ; au berger de Cabricia, qui confie à son chien ses amours avec une chèvre ; à ces adolescents au bord de la mer travaillés Entre deux parties de rami, par le pur et l’impur ; à l’équivoque M. Boursier, antiquaire, qui s’intéresse au fils de ses voisins — comme à tous les autres personnages des neuf histoires réunies dans cet ouvrage. Chaque nouvelle, ici, écrite avec une sobriété remarquable, nous retient par son originalité et le sens aigu du récit. Lucidité et cruauté tendre les caractérise toutes.