Comment s'autoriser à être heureux lorsque l'on porte le poids d'une trop grande culpabilité ?
Suite à un drame familial dont elle se sent responsable, Amélie, tout juste vingt ans, décide de consacrer sa vie aux autres. Elle s’installe comme Béate – une petite sœur des pauvres – dans un village isolé. Cette pénitence qu’elle s’impose n’est-elle pas un prétexte pour quitter la maison du malheur et abandonner les siens à leur misérable sort ?
Amélie est heureuse de se sentir utile. Sans tableau ni planisphère, elle instruit les enfants dont elle a la charge. Le soir, elle réunit les femmes pour prier et faire de la dentelle. Elle connaît aussi le secret des plantes qui soignent et les gestes qui sauvent. Sa présence apporte un souffle de vie et d’espoir au hameau. Mais bien vite, sa nature généreuse et impulsive ne peut rester passive devant les souffrances de son petit monde. Elle veut influer sur le cours des choses, quitte à réveiller la colère du curé et la haine de l’instituteur. Lorsqu’elle rencontre Félicien, le jeune forgeron, se donnera-t-elle enfin le droit au bonheur ?
Avec sa foi chevillée au corps, sa vitalité et son goût du partage, Amélie est une héroïne des plus attachantes.
Un roman profondément humaniste, incisif et bouleversant, nourri de rigoureux détails historiques, qui dit ce que signifie être humain dans ce monde.
EXTRAIT
Amélie s’essuya les yeux avec le drap et se leva. En fin de nuit, quand la brique qui réchauffait son lit était froide, la même vision revenait : elle courait dans l’eau à la poursuite d’un petit corps sans jamais pouvoir le rattraper. Trois ans déjà que Paul s’était noyé, trois ans, c’était hier.
La jeune fille alluma son chaleil et entreprit une rapide toilette pour se débarrasser de la sueur aigre qui mouillait son cou et sa poitrine. Elle défit sa chemise jusqu’à la taille et s’aspergea avec l’eau froide de la cuvette. Elle se frictionna avec un bout de savon rugueux, se rinça et s’habilla en songeant à sa marraine qui lui avait donné de l’argent pour qu’elle se procure une savonnette douce à l’huile d’olive de Marseille et un flacon de parfum. Elle ne méritait pas de tels cadeaux. À la place, elle avait acheté un crucifix pour la tombe de Paul.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Déjà enfant, Bernadette Berger aimait inventer et raconter des histoires, à tel point qu’elle s’était instaurée conteuse de sa bande de copains. Aujourd’hui, elle continue à écrire des histoires, de celles qui semblaient émouvoir ses amis à l’âge des jupes courtes et qui régalent les lecteurs actuels. L’auteur est originaire d’Auvergne, et vit à côté du Puy-en-Velay.