C’est sans penser à mal que Jacques Baeyens, qui se trouvait "haut le pied" au Quai d’Orsay à Paris, accepta au mois d’octobre 1956 le poste de "conseiller diplomatique du commandant en chef des Forces françaises d’Orient". Retour d’une ambassade en Éthiopie, rien ne le prédisposait à occuper cet emploi, si ce n’est qu’aucun de ses collègues ne tenait à se mouiller dans les eaux troubles du canal de Suez. N’ayant jamais reçu d’instructions précises sur sa mission, n’ayant jamais été appelé à donner le moindre conseil, que nul ne songea d’ailleurs à lui demander, il a pu tout à loisir observer, écouter et tenir un journal quotidien sur cette étrange aventure. Mieux préparée sur le plan diplomatique, plus rapidement et énergiquement menée sur le plan militaire et plus sûrement dirigée sur le plan politique, surtout en Angleterre, l’intervention franco-britannique aurait pu faire mentir le vieil adage qui affirme - bien à tort - que le crime ne paie pas, même quand il s’agit d’affrontements internationaux.