Ce livre traite d’un point d’histoire et, en même temps, il ouvre un important débat épistémologique. Le point d’histoire à préciser est : quelle est la signification exacte de l’épistémologie bergsonienne ? S’agit-il d’une extrapolation métaphysique menée à partir de la psychologie, de la biologie, de l’esthétique, comme il a été dit ? Ces hypothèses sont rejetées. Une nouvelle hypothèse est proposée : le bergsonisme est né d’une réflexion sur les capacités noétiques du Calcul infinitésimal, proposé par la pensée mathématique moderne. La science contemporaine vient corroborer l’interprétation bergsonienne. On peut invoquer des témoignages précieux à ce sujet. Ce faisant, on voit s’ouvrir un débat épistémologique de première importance. La référence aux schèmes du Calcul infinitésimal introduit, en effet, dans l’exercice de la raison une référence directe au Mouvement, puis au Temps. Un « nouveau rationalisme » se constitue, qu’on pourrait appeler « rationalisme du Temps », et qui a ses normes, ses capacités noétiques et sa fécondité propres. Il offre, en outre, une conciliation possible entre la science moderne et la métaphysique. On peut espérer que cette analyse de l’épistémologie bergsonienne, en rétablissant la difficile communication entre savants et philosophes, permettra que « s’ouvrent de nouvelles perspectives à l’esprit humain » (J. Ullmo).