Voici la Russie de Staline comme vous ne l’avez jamais vue. Après des années d’enquête et de patientes recherches, Georges Bortoli fait revivre ce monde clos, cette société fermée si proche de nous dans le temps et pourtant l’une des plus mal connues de l’Histoire Il suit Staline pas à pas pendant les derniers mois de sa vie, dans sa datcha, dans son bureau, aux eaux du Caucase, au XIXe Congrès, pendant ses entretiens avec de rares privilégiés. Il montre les débuts de ses héritiers : Khrouchtchev, Malenkov, Molotov, Mikoyan, Kossyguine. Il décrit « l’affaire des blouses blanches », la montée de la chasse aux sorcières qui vise les juifs. Puis la mort, le drame des funérailles, les premiers reniements des disciples, la fin de Béria. Mais il prend aussi l’Histoire par l’autre bout, montre la journée d’un ouvrier, nous fait rencontrer les kolkhoziens dans leurs champs, les déportés dans leurs forêts. Il quitte volontiers le Kremlin et les datchas des dirigeants pour s’intéresser aux hommes et aux femmes de la rue, aux prises avec leurs problèmes modestes. Bref, il s’attache à nous restituer une époque dans sa totalité. Quelle époque ? L’une de celles où l’Histoire change imperceptiblement de cap. Le monde, malade de la guerre froide, s’endormait le soir en se demandant si le cataclysme n’était pas pour demain : il se remet à croire à la paix. Les Soviétiques vivaient une sorte de terreur lyrique : la terreur s’effondre par pans entiers ; le lyrisme aussi. Tout cela parce qu’un vieillard de soixante-treize ans nommé Staline est mort... Il était presque un dieu ; c’est pourquoi il est difficile de le décrire comme un homme. Telle est pourtant l’intention de ce livre : montrer, dépouillé de ses artifices, l’original de tant de portraits retouchés.