« Je viens d’avoir quarante ans, mais ça ne va pas durer. J’ai décidé d’écrire à plein temps, n’importe où avec une fenêtre. On n’est pas là pour rigoler. La littérature, c’est sérieux, pathétique et déchirant. Mais Van Bluff, mon éditeur, a de plus grandes ambitions pour moi. Le contrat qu’il vient de m’obtenir est commandité en sous-main par le Syndicat. Des gens qui ne rigolent pas, très pathétiques et déchirés par les révélations d’une thèse prouvant que A la Recherche du temps perdu n’est qu’un vulgaire apocryphe. De quoi inquiéter les milieux de l’édition française ! Le montant de l’à-valoir m’a été remis sous la table, en petites coupures usagées, au cours d’un déjeuner chez Lipp. J’ai aussi reçu une boîte à chaussures dans laquelle somnole un lourd automatique à la crosse froide et métallique. Mon travail est simple : descendre un confrère. Tous les écrivains savent faire ça. »