Le destin d'une femme sous Mussolini.
En parcourant les allées du cimetière d’un village lombard, l’attention de l’auteur est attirée par une pierre tombale portant la photo d’une jeune femme. Au vu des dates, il réalise que la presque totalité de sa vie s’est déroulée sous Mussolini. Il ne sait rien d’elle et éprouve l’envie irrésistible d’imaginer ce qu’a pu être la vie de l’enfant, puis de l’adolescente, et enfin de la jeune femme qui n’a connu que le régime fasciste. Cette biographie imaginaire est l’histoire de la prise de conscience d’un être qui veut s’arracher à sa condition, mais aussi un prétexte pour brosser un tableau de vingt-trois ans d’un pays opprimé. On y fait quelques rencontres étonnantes ; l’irruption des premières émissions de radio, du cinéma parlant, ou encore celle d’un musicien célèbre nommé à la direction de l’Opéra de Florence, mais surtout militant actif de la Résistance. Et on constate que cette histoire de nos voisins nous renvoie souvent à la nôtre…
A travers la biographie imaginaire d'une jeune femme, découvrez un récit retraçant 23 ans d'histoire italienne.
EXTRAIT
Alors, comme elle l'avait fait pour Mario, l'an dernier, elle a décidé d'intervenir sans prévenir personne. Cette fois, la partie est plus difficile. Avec Clara, elle a des rapports d'amitié. Avec Martelli, c'est bien différent : tout le monde tremble devant lui. Elle ne peut compter que sur la déliquescence qui gagne la hiérarchie fasciste, et qui conduit chaque notable à prendre seul la décision qui l'arrange, tout en démontrant qu'elle procède de la volonté du Duce.
Elle attend depuis dix minutes dans l'antichambre. Elle était précise au rendez-vous, mais la faire entrer tout de suite serait d'une banalité que Martelli ne saurait se permettre. Elle repense à ce que Giacomo lui a dit hier soir, à ses espoirs de devenir permanent à Rome. Et à cet étourdissant moment d'amour, où pendant un instant elle a cru perdre la raison.
Quand Martelli la fait entrer, il ne lui dit pas de s'asseoir. Sur son bureau, elle remarque un gros cendrier de cristal, un sous-main de cuir rouge à la bordure dorée. Au mur, un portrait de Mussolini, et un diplôme sous verre.
A PROPOS DE L'AUTEUR
Charles Bottarelli est né en novembre 1941 à Toulon, de parents ouvriers horticoles. Il a vécu toute son enfance et son adolescence dans sa ville natale. Il en conserve un goût marqué pour l'histoire de sa région. Le choix d'une carrière dans la fonction publique l'amènera successivement à Lyon, Paris et Marseille, avec retour à Toulon en 1970, Entre 1995 et 2006, il s'investit dans le mensuel satirique Cuverville qui combat l'extrême-droite installée à la mairie. Le temps de la retraite professionnelle venu, il décide de se consacrer à l'écriture. Un premier livre, à caractère documentaire, est publié en 2004 : Toulon 40, chronique d'une ville sous l'Occupation. Puis, en 2006, c'est un roman Alice et les chemises noires, qui est la biographie imaginaire d'une jeune fille sous Mussolini.
D'une façon générale, il veille à situer précisément ses personnages dans le lieu et dans le temps, n'hésitant pas à mêler la fiction pure à des situations réelles.