Six avions sont envoyés en mission de bombardement. En désespoir de cause, le commandement les a sacrifiés. Dans l’avion de tête, un vieux colonel n’a qu’un but : ne pas laisser périr des hommes pour des occasions qui ne les valent pas. A bord d’un des avions, un capitaine, passionné de son métier, accepte les ordres, quels qu’ils soient. Il est prêt à mourir ; mais les événements lui donnent tort. Entre les deux hommes, un conflit classique : celui de l’expérience des vraies responsabilités, chez le colonel, contre, chez le capitaine, l’ardeur disciplinée, pouvant aller jusqu’aux automatismes. Les deux hommes sont à trois cents mètres l’un de l’autre dans le ciel. Pour le vieux colonel, il faut refuser les règles d’un jeu imbécile. Mais, qui en aura le courage ? La question est posée dans le tumulte des moteurs, dans l’incandescence des projecteurs, dans l’âcreté de l’huile chaude, tandis qu’une écrasante fatigue accable tous ceux qui font voler encore une fois ces avions épuisés, dont le sort semble réglé par la montre et par la boussole. La guerre n’est ici qu’un décor, mais il y a dans ce livre un bruit terrible, le bruit d’un monde qui part en morceaux.