En 1921, après l’arrivée des bolcheviks, la Crimée est plongée dans le chaos et la famine. Seul dans sa maison, le narrateur contemple la nature indifférente et sublime, où hommes et bêtes errent, en proie à la faim et à la mort qui rôde. Récit d’une lente agonie sous le soleil, requiem déchirant de poésie et de douleur, Le Soleil des morts est le témoignage implacable d'un auteur qui eut son fils fusillé et qui vécut lui-même cet enfer avant de pouvoir se réfugier en France en 1922.
« Un document terrible et néanmoins baigné et resplendissant de poésie. […] Lisez cela si vous avez assez de courage. » (Thomas Mann)
« C'est une telle vérité que l'on ne peut pas appeler cela "de l'art" […] Qui d'autre a su décrire ainsi le désespoir et la destruction générale des premières années soviétiques, du communisme de guerre ? » (Alexandre Soljenitsyne)
Traduction intégrale de Denis Roche, 1929.
EXTRAIT
Dans mon sommeil inquiet, j’entends, derrière la cloison d’argile, une lourde venue et un craquement de branches sèches...
C’est encore Tamarka, la belle vache blanche de Simmenthal, tachetée de roux, qui pèse sur ma clôture. Soutien de la famille qui demeure sur le plateau, un peu au-dessus de moi, elle donne par jour trois bouteilles d’un lait mousseux, tiède, qui sent la vache vivante. Quand ce lait commence à bouillir, des ronds de graisse dorés apparaissent à sa surface et il s’y forme une peau... Faut-il songer à de pareilles misères ! Pourquoi me viennent-elles en tête ?...
Ainsi donc voici un nouveau matin...
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ivan Sergueïevitch Chmeliov, né à Moscou le 21 septembre 1873 et mort le 24 juin 1950 près de Paris, est un écrivain russe.